Le Domaine des Rièzes et Sarts n’a, à première vue, rien d’exceptionnel. Un ensemble d’habitations avec une baie vitrée donne sur le parc, où réside le plus vieux séquoia de Belgique. A l’entrée on trouve quelques personnes âgées, qui attendent la visite de leurs proches. Les tables et les chaises qui meublent le réfectoire n’ont rien de révolutionnaire, et l’endroit est calme.
Toutefois, les détails ont leur importance… après quelques minutes passées dans les lieux, on se rend compte qu’aucune blouse n’habille les soignants, que les fauteuils du salon sont dépareillés et pas forcément idéaux pour une personne qui aurait du mal à se lever, qu’il y a des rideaux aux fenêtres et que le bar pourrait faire pâlir la buvette d’une confrérie étudiante. “Bienvenue dans notre maison de vie” : l’accueil du directeur donne le ton. Ce qu’on appelle communément, et peut-être à tort, Maison de Repos est ici une Maison de Vie, les résidentsdeviennent des habitants et impossible de différencier les soignants des proches venus voir le membre de leur famille, à moins d’effectivement vivre au domaine.
Inaugurée en 2010, cette Maison de Vie compte aujourd’hui près de 70 habitants et tourne à plein régime. L’approche du personnel est somme toute assez simple: le respect mutuel. Sur le papier, peu de différences avec une maison de repos classique, mais là encore les détails ont toute leur importance. Le rythme de la journée s’adapte aux habitants, et pas le contraire. Par exemple, le petit déjeuner est servi jusqu’à 12h, sous forme de buffet, de sorte que chacun puisse faire sa grâce matinée s’il le veut et manger 4 tartines, même si ce n’est pas conseillé “dans son cas”. “On est pas là pour leur dire ce qu’ils doivent faire ou ne pas faire, mais pour les accompagner dans des gestes qu’ils ne peuvent pas forcément faire seuls” explique la coordinatrice du domaine.
On obligera jamais à un habitant un soin qu’il ne souhaite pas, les activités ne sont pas imposées et les habitants restent libres de sortir et entrer dans leurs chambres comme ils l’entendent, de même que de faire une petite balade dans l’incroyable domaine qui s’offre à eux, même s’il risque de faire une chute ou de se perdre.
“Ce n’est pas en empêchant de sortir, en les attachant à leurs chaises ou encore en fermant des portes à clés qu’on limite les risques, au contraire”
Les repas servis sont copieux et bons pour que le moment du déjeuner et du dîner redeviennent un plaisir, aussi bien des papilles que socialement puisque c’est le moment où presque l’ensemble des habitants se retrouvent. Les chambres sont aménagées comme l’entendent les habitants, libres d’amener leurs propres meubles, d’harmoniser l’espace comme ils l’entendent ou même encore de peindre les murs et les fenêtres à leur guise si cela peut permettre à chacun de se sentir bien là où il est.